Réponse de Pierre Ciot à la Grenouille
Avec toujours beaucoup d'humour et de verve, Daniel Castets dans sa "Grenouille" de juin nous livre ses commentaires sur le réveil des photographes (à lire, une fois de +) : http://www.regardsdusport-vandystadt.com/La-Grenouille-de-Daniel-Castets-Juin-2011.html
Il met toutefois en cause le rôle de l'UPP. Pierre CIot (administrateur de l'UPP)lui répond :
Lettre ouverte à la grenouille/Marseille le 30mai 2011
Bonjour Daniel,
Comme beaucoup je viens de recevoir la dernière Grenouille de juin, et comme d'habitude je me suis empressé d'ouvrir le lien, alléché par le titre et l'annonce que tout allait péter.
Enfin dans ce monde de brutes, j'allais trouver des solutions et des propositions pour en finir avec l'ensemble de nos problèmes.
J'ai lu avec attention et la conclusion de ce « badaboum » est que la cause principale de nos malheurs provient de l'incapacité de nos organisations syndicales et associatives, dont bien sûr
l'UPP, à nous défendre.
Si j'ai bien compris, le salut viendra des photographes amateurs et d'une nouvelle association le PAJ ???
Daniel je t'ai rencontré la première fois en 2002, tu étais formateur au CFPJ où tu m'a appris les rudiments du numérique qui me sont encore aujourd'hui précieux.
A cette époque j'étais déjà depuis longtemps engagé à l'ANJRPC/Freelens et l'UPC, mais lors des pauses café je n'ai pas gardé le souvenir de ta virulence à défendre la profession, bien au
contraire nous étions encore dans une période prospère pour certains photographes et je t'avoue que lorsque je tentais de parler de Droits d'Auteur, je passais pour un affreux syndicaliste,
notamment aux yeux de l'autre photographe chef de service d'un journal de province.
Je constate avec plaisir que tout le monde change et que nos détracteurs d'hier sont depuis devenus nos alliés.
Tout cela est de l'histoire ancienne la crise aidant avec sa vague numérique les photographes se sont réveillés avec mal à la tête et au portefeuille.
Alors l'UPP dans tout cela, puisque c'est de cela qu'il s'agit.
L'UPP est juste une association de défense de photographe qui perdure et qui évolue depuis près de 50 ans. Elle est à l'image des photographes, elle rassemble en son sein toutes nos différences
et elle tente malgré tout d'avoir une action positive pour les photographes.
Je te fais grâce de l'ensemble de ce qui a été réalisé et obtenu durant cette période, il te suffit d'aller sur nos site pour en mesurer l'étendue. (www.upp-auteurs.fr etwww.saif.fr)
Et si aujourd'hui nous avons évolué de l'UPC à l'UPP ce n'est pas comme tu le dis pour abandonner le "C" de créateur mais bien au contraire, pour dans une même organisation professionnelle
représenter et défendre l'ensemble des auteurs photographes et journaliste photographe.
On nous reproche aujourd'hui d'avoir initié une pétition contre l'obtention d'un label de crédibilité par l'Hadopi à Fotolia.
Non seulement je ne comprends pas qu'un photographe dans ce pays ne signe pas cette pétition et je ne comprends pas ces critiques qui tenteraient de faire croire que celle ci est faite pour noyer
le poisson et se donner bonne conscience.
Tu aimes bien la bonne chair et moi aussi, je vais te narrer l'anecdote suivante.
"Il y a peu j'étais invité à un repas champêtre entre photographes, j'avais apporté une tapenade de ma fabrication, la tapenade est une purée d'olive fort apprécie en Provence, mais je pense que
vous en avezt aussi à Paris, et bien évidemment il y a autant de recettes que de familles.
Donc lors de cet apéritif chacun est allé de son commentaire et cette tapenade qui pour ma part est la meilleure a subit les assauts des photographes, trop d'olives, pas assez de câpres , trop
d'anchois, pourquoi de la moutarde, ma tante met de l'aubergine et mon cousin du citron, bref dix convives dix solutions et aucun d'entre eux capable d'en faire une de tapenade.
J'en étais dépité jusqu'au moment ou je me suis aperçu que le pot était vide et que bientôt les commentaires porteraient sur le ragout de mouton !!!"
Tout cela pour dire que depuis trente ans que je suis engagé pour la défense des photographes j'ai entendu ce discours sur nos actions des dizaine de fois.
Sur la dernière pétition Hadopi/Fotolia, j'ai eu les même critiques pourquoi Fotolia, pourquoi pas Getty / AFP, pourquoi ne pas parler des concours scandaleux, pourquoi ne pas mettre dans cette
pétition les contrats scandaleux de Milan Presse, pourquoi les journalistes ne peuvent plus avoir la carte de presse, pourquoi, pourquoi…..
Alors oui pourquoi, parce que l'UPP est une association démocratique qui tout long de l'année tente avec ses moyens (trois salariés payés au raz des pâquerettes et quelques photographes
bénévoles) de répondre aux demandes de ses 1800 adhérents et de l'ensemble des autres photographes.
A mon petit niveau marseillais je reçois plusieurs appels par semaine sur des conseils pour une contrefaçon, sur une demande de barèmes, pour me signaler un concours scandaleux, un appel d'offre
litigieux (mais là uniquement après ne pas avoir été retenu), etc..
Oui nous agissons après en avoir discuté ensemble et oui c'est le conseil d'administration élu par l'ensemble des membres qui décide de ses actions.
Oui c'est parfois un peu long, c'est le prix à payer à la démocratie et aussi à ne pas faire trop d'erreur dans la précipitation et la colère.
Alors sur cette pétition insuffisante de Hadopi/ Fotolia, que dire ?
Que nous avons effectivement initié celle-ci et que de part son édition un débat important s'est créé sur la toile au sujet des labels d'Hadopi.
Que suite à celle ci nous avons été reçus par la présidente de cet organisme, que nous avons publié une lettre ouverte sur notre site, envoyé des courriers à tous les ministères concernés et bien
sur à l'ensemble de la presse.
Et ensuite que pouvons nous faire, nous procurer des missiles et bombarder le siège fictif de Fotolia sur les champs Elysée ?
J'avoue que étant démocrate et légaliste je ne suis pas trop pour cette option dont je doute de son efficacité.
Oui en France nous avons le CPI , la différence avec le code de la route est que pour l'application de celui-ci il y a la police et la gendarmerie.
Lorsque un conducteur brûle un feu rouge et que la police l'attrape il doit payer une contravention et s’il estime cela injuste il doit aller faire la preuve de son innocence devant un
tribunal.
Dans notre cas du CPI il n'y a pas de police du droit d'Auteur. Lorsque un photographe découvre sa photo dans un journal il doit porter plainte au tribunal à ses frais avec l'aide d'un
avocat et rapporter la preuve que c'est le journal qui a commis un délit. Que lui même est bien l'Auteur de cette photographie, que celle-ci est une œuvre originale et dans le meilleur des cas il
gagnera son procès au bout de deux ou trois ans, l'honneur sera sauf mais l’indemnité reçue couvrira à peine les frais engagés.
Oui il faut créer cette police du droit d'Auteur pour que le journal qui est pris la main dans le pot de confiture paye de suite et qu’ensuite, il aille lui, contester au tribunal s’il juge que
ce n'est pas juste.
Lorsque j'ai reçu ta Grenouille de Juin, je salivais de plaisir et pensais que j'allais enfin avoir des propositions concrètes d'actions. Quelle déception, un pamphlet bien écrit, certes, qui m'a
fais chaud au cœur mais dont je doutais que celui ci mette à bas Fotolia.
Je continue de penser que si cette pétition qui réunit déjà prés de 6 000 personnes avait connu le succès du livre de Stéphane Hessel nous serions plus fort pour dénoncer Fotolia et imposer
au ministères de faire respecter les lois de la République, force est de constater que les bataillons de photographes amateurs ne sont pas encore convaincus de vouloir faire cesser ce
scandale.
Enfin je voudrais terminer par ton appel à l'union et l'espoir dans le PAJ.
Dans notre société française le monde ouvrier passe son temps à se diviser et à créer de multiples syndicats car évidemment chacun porte seul la vraie parole, c'est juste que en face il n'y a
qu'un seul syndicat pour représenter les patrons et force est de constater qu'ils sont souvent très efficaces.
Pourquoi dans notre combat photographique reproduire ces schémas négatifs, qui épuisent et affaiblissent nos objectifs communs.
Je connais bien les photographes du Paj ce sont des photographes talentueux, volontaires et entreprenants, pourquoi avoir fait ce choix de division puisque ils ont toute leur place au sein de
l'UPP où ils serait mille fois plus efficaces dans la réussite de nos combats communs sur lesquels nous n'avons pas de différence.
Enfin dernière réserve sur le Paj, oui celui-ci va avoir du succès pour une raison simple la cotisation est de 10 euros contre 190 euros à l'UPP, de quoi se donner une bonne conscience à bon
compte.
On parlait précédemment du dumping de Fotolia?
En ce qui concerne l'UPP cette cotisation de 190 euros (soit 15,83 par mois, l'équivalent de deux ou trois demis de bière à Paris) nous permet d'avoir des salariés dont un juriste qui répondent
quotidiennement aux angoisses et aux problèmes des photographes.
Cette cotisation nous permet aussi d'avoir recours à des juristes reconnus, bien indispensables lorsque l'on doit affronter une commission sénatoriale pour faire voter une loi sur le DR,
organiser un colloque sur l'originalité de l'œuvre en photographie ou avoir un entretien avec les énarques ou magistrat des ministères.
Cette cotisation permet simplement d'avoir une organisation de défense qui, si elle continue d'avoir le soutien de ses membres, pourra encore contrarier les projets de nos diffuseurs.
Je reste bien évidemment dans l'attente de tes propositions pour aller plus loin dans la lutte et dans l'immédiat je ne saurais trop te conseiller de participer activement à la prochaine
assemblée générale de la SAIF le 9 juin prochain, d'inciter tes lecteurs à voter pour l'élection de son conseil pour exercer ta participation démocratique à cette société d'Auteur qui, je te le
rappelle, a pu voir le jour grâce à l'UPC et l'ensemble des organisations d'auteurs de ce pays.
Bien amicalement
Pierre Ciot
Administrateur de la Saif et de l'UPP, oui je sais je cumule mais ce n'est pas par choix mais bien parce que les volontaires ne se bousculent pas au portillon.
Ps Cette lettre est une initiative personnelle qui ne doit pas être considérée comme une réponse de l'UPP.