Témoignage d’une journaliste pigiste aux prud’hommes : connaître ses droits, et être patient…

par Ametjp  -  12 Novembre 2014, 12:12  -  #Presse Info

Témoignage d’une journaliste pigiste aux prud’hommes reçu via le SNJ

Septembre 2012, depuis huit ans je pige régulièrement pour un hebdo spécialisé de la région parisienne. Une petite entreprise de presse sans salarié permanent, où jusqu’ici, tout s’est très bien passé. Et soudain, des interruptions de parution, des salaires impayés, et une gérante qui disparaît dans la nature ! Mobilisant les autres journalistes pigistes, j’écris des courriers recommandés à la gérante - sans réponse -, j’alerte l’Inspection du Travail, et tente même de saisir Tribunal de commerce et Tribunal de grande instance pour engager une procédure de mise en liquidation puisque l’entreprise a cessé toute activité. Beaucoup d’énergie dépensée pour rien ! Alors je me (re)plonge dans le code du travail, la convention collective et la jurisprudence et donne un coup de main à chaque consoeur concernée pour monter un dossier afin de saisir les Prud’hommes. Je n’y serai pas arrivé sans les conseils de quelques précieuses militantes du SNJ, dont je suis membres, et avocates.

D’abord déboutées en référé, alors que nous réclamons simplement des salaires impayés, nous saisissons les Prud’hommes de Paris sur le fond, et demandons cette fois, en plu,s une résolution judiciaire du contrat de travail. Mes quatre consœurs, échaudées par ce premier échec, prennent un avocat (il leur en coutera plusieurs centaines d’euros pour chacune plus 5 et 10% sur les sommes finales alors même que tout le dossier et l’argumentaire juridique sont déjà constitués !) Moi je garde le cap et continue à défendre seule mon dossier. Entre temps, la gérante sort de sa cachette, juste le temps d’une mise en liquidation de l’entreprise. Mais comme elle ne transmet aucune information au liquidateur, nous sommes licenciées (de fait sans l’être juridiquement) sans l’ombre d’un euro ni les documents indispensables pour s’inscrire à Pôle Emploi et être indemnisées.

Septembre 2014, enfin, le jugement tombe : les prud’hommes, reprenant tous nos arguments juridiques, condamne le liquidateur à verser les salaires impayés, plus ceux correspondant aux périodes d’interruption de parution et aux mois écoulés entre l’arrêt effectif de l’entreprise et notre licenciement, et bien sûr les indemnités de préavis et de licenciement. Soit 10 000 à plus de 25 000 euros selon la situation de chacune des cinq journaliostes pigistes embarquées dans cette aventure… Les sommes devraient être versées d’ici 2 à 3 mois par le Fonds de garantie des salaires (AGS). Une victoire certes, mais au goût amer.

E.G

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